Alors que 2010 n’est au fond que le « copier/coller » de 2002 (élimination dès le premier tour avec 1 point au compteur et zéro but marqué), l’émotion soulevée aujourd’hui par le fiasco des bleus atteint des sommets d’hystérie quand l’échec de 2002 n’avait conduit qu’à l’éviction toute logique du sélectionneur de l’époque. Alors qu’elle est la différence ? Sarkozy bien sûr !!! Le bougre a vu là l’opportunité rêvée de faire un temps oublier la réforme des retraites, les difficultés de Woerth, les cigares de Blanc, j’en passe et des meilleures. En s’engouffrant dans la brèche et en surfant sur la déception légitime des amoureux du ballon rond, notre « omni-président » démontre une fois de plus son art consommé de l’enfumage institutionnalisé. Soucieux de battre le fer quand il est chaud il ne lésine pas sur les moyens mis en œuvre. Mélangeant allègement sport et politique, au grand dam du président de la FIFA, il somme le duo fatal Domenech /Escalette de venir s’expliquer devant la représentation nationale et charge une fois de plus l’inénarrable Bachelot de venir jouer les pompiers de service. On atteint là le sommet du ridicule. Je croyais naïvement nos députés submergés de travail. Il n’en est rien puisque certains d’entre eux vont trouver le temps de se prêter à cette mascarade au lieu de se consacrer à des sujets sérieux.
Non content d’avoir été la risée du monde entier avec une suite d’épisodes tragi-comiques qui alimenteront longtemps les bêtisiers sportifs, nous offrons maintenant le spectacle d’un gouvernement opportuniste tentant une pitoyable opération de récupération de l’évènement. Cette ingérence de la politique dans le sport nous ramène aux pires moments de l’Allemagne de l’Est et le l’URSS quand les sportifs qui avaient déçu étaient mis au ban de la société et les entraîneurs et présidents de fédérations « démissionnés » par le pouvoir.
Ce qui me navre le plus, c’est que nombreux à gauche sont ceux qui emboîtent le pas à l’UMP et viennent hurler avec les loups. A croire qu’il n’y a pas aujourd’hui de sujet plus important que l’éviction de onze garnements trop gâtés d’une compétition à laquelle nous n’aurions jamais dû prendre part (les irlandais doivent être tordus de rire après avoir beaucoup pleuré).
Nos politiques ont-ils perdu tout sens de la mesure qu’ils se croient à ce point obligés de surenchérir dans l’indignation, la grandiloquence outragée, l’appel à l’honneur de la nation, le tout avec des trémolos dans la voix et le visage des jours sombres comme si les valeurs fondatrices de notre Patrie étaient en danger. Mesdames et messieurs, revenez sur terre : ça n’est que du foot !! Alors que pendant des mois les spécialistes, anciens internationaux, journalistes, ex-entraîneurs, ont clamé haut et fort, sans être écoutés, que l’on allait dans mur, vous auriez vous, élus de la nation, les solutions miracles pour sortir le sport national numéro 1 de son marasme. Que ne vous êtes vous exprimés plus tôt, vous dont l’expérience sportive et footballistique s’arrête le plus souvent à la lisière de votre canapé.
Cessons de nous donner en spectacle et ne tombons pas dans le piège grossier que nous tend une fois de plus Sarkozy. Cessons de réagir à l’aune des emportements opportunistes d’un président dont le seul but est de détourner à tout prix l’attention des Français de ses noirs projets. Revenons aux fondamentaux, ceux du combat politique pour plus de justice sociale, plus d’humanisme et plus de solidarité. Et pour apporter un peu de baume au cœur des supporters déçus et les aider à vite passer à autre chose, rappelons qu’au triomphe de 1998 succéda la claque de 2002 elle-même suivie 4 ans plus tard de la finale de 2006. Alors pourquoi pas une finale en 2014 après la désillusion de 2010 ?