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« Les patrons ont la mémoire courte » Henri Emmanuelli

Article Libération à lire sur : http://www.liberation.fr/economie/2012/10/29/les-patrons-ont-la-memoire-courte_856924

INTERVIEW – Le député PS Henri Emmanuelli raille le CAC 40 obnubilé par le fait de redistribuer des dividendes
Par NATHALIE RAULIN

Pour Henri Emmanuelli (photo AFP), député (PS) des Landes et président du conseil de surveillance de la Caisse des dépôts, l’appel de l’Afep est «une attaque politique».
Que vous inspire la protestation des grands patrons ?

Cette adresse me choque profondément sur la forme et sur le fond. La lancer le jour du congrès du PS et dans un contexte déjà délétère sur la compétitivité lui donne une tonalité politique forte. Entre le patronat et la gauche au pouvoir, il y a toujours eu des problèmes. Mais jamais une offensive de cette ampleur, avec dans l’ordre d’apparition le Medef, les «Pigeons» et maintenant l’Afep. Soit les grands patrons n’ont aucun sens politique, soit ils n’en ont que trop. Ce doit être alors compris comme une attaque contre le gouvernement.
Est-il absurde de réclamer une diminution de la dépense publique ?

Les patrons du CAC 40 ont la mémoire un peu courte. Que le gouvernement précédent ait creusé la dette de 600 milliards n’a pas semblé leur poser problème. Même remarque pour le niveau des prélèvements obligatoires qui sous Sarkozy n’a cessé d’augmenter. Ils oublient que ces dernières années, la politique de distribution des dividendes me semble avoir primé sur toute autre considération, y compris de compétitivité.
Les patrons réclament une baisse du coût du travail notamment financée par une hausse de la TVA…

Il n’appartient pas aux patrons de décider de la pertinence ou non d’une hausse de la TVA ou de la CSG. Ils veulent retrouver de la compétitivité par transfert de charges sur les ménages, ce qui équivaut à une dévaluation intérieure. Personnellement, j’y suis opposé. Mieux vaut redistribuer le poids des cotisations au sein même du secteur productif, des entreprises qui ont de faibles coûts de main-d’œuvre, comme l’énergie ou certains services, vers l’industrie. Au passage, le rapport sur l’évolution de la rémunération des grands patrons que vient de publier l’Autorité des marchés financiers devrait les inciter à plus de discrétion vue la hausse des émoluments de certains !
Parmi les signataires, il y a des PDG d’entreprises dont l’Etat est actionnaire…

Oui, et c’est navrant. On pouvait attendre de leur part dialogue et retenue. D’autres font l’impasse sur leurs propres erreurs stratégiques. Antoine Frérot sait que ce n’est pas le coût de la main-d’œuvre qui est responsable de la situation de Veolia ! Le patron de Peugeot, Philippe Varin, n’ignore pas que le coût du travail dans le secteur automobile est aussi élevé en Allemagne qu’en France ! Ni que l’Etat s’apprête à lui accorder une garantie de 7 milliards pour sauver la banque de son groupe ! Tout cela est inconvenant. Ma conclusion, c’est que l’Etat devrait mettre de l’ordre dans la gestion de ses participations : sur les dix dernières années, sa présence au capital de certaines entreprises a parfois servi davantage l’intérêt privé que l’intérêt général.

Le Pays Morcenais avec Henri Emmanuelli

Henri Emmanuelli (PS)

60,87%

Maria-Filomena Labaste (UMP) 16,35%
Isabelle Figueres (FdG) 8,96%
Julien Antunes (FN) 8,78%
Bernadette Campagne-Ibarcq (EELV) 1,89%
Henri-Louis Picquet (Modem) 11,72%
Edith Dreistadt (écologiste) 0,66%
Corinne Morant (écologiste indépendant) 0,39%
Marc Isidori (Lutte Ouvrière) 0,39%

Tous les résultats de la circonscription sur le site du journal Sud Ouest

SIGNEZ LA PETITION : Le pacte de compétitivité c’est non, trois fois non !

LE 8 février par Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, Liêm Hoang Ngoc, Marie-Noëlle Lienemann

Les propositions d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, appelées « pacte de compétitivité » sont inacceptables et constituent une menace considérable sur notre modèle social et démocratique. NON nous n’acceptons pas l’austérité salariale et la flexibilisation du marché du travail. NON, nous n’acceptons pas l’allongement de l’âge de la retraite et son évolution systématique en fonction du vieillissement. NON, nous n’accepterons pas que l’interdiction de déficits soit inscrite dans la constitution.

Les propositions d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, appelées « pacte de compétitivité » sont inacceptables et constituent une menace considérable sur notre modèle social et démocratique.
NON nous n’acceptons pas l’austérité salariale et la flexibilisation du marché du travail.

Les salaires ont déjà connu une quasi stagnation pour une grande masse des salariés et même -singulièrement en Allemagne, mais aussi en France- pour certains un recul. Il faut au contraire engager une politique de revalorisation salariale et garder l’indexation salariale sur l’inflation dans les pays où elle existe. Le décrochage risque de provoquer un cataclysme et un appauvrissement généralisé de la population.
NON, nous n’acceptons pas l’allongement de l’âge de la retraite et son évolution systématique en fonction du vieillissement.

Inutile de rappeler le mouvement et la mobilisation des français qui veulent défendre le droit à la retraite à 60ans, que nous voulons restaurer. Déjà le passage à 62 ans est inacceptable mais là c’est 67 ans qui est prôné, au nom de l’alignement au modèle « vertueux » de l’Allemagne, qui de surcroit à une démographie en déclin ! La conséquence de ce genre de décisions est l’apparition massive de retraités pauvres et des masses de salariés fatigués usés.
NON, nous n’accepterons pas que l’interdiction de déficits soit inscrite dans la constitution.

Seul le peuple souverain, son parlement peuvent décider selon les circonstances économiques des choix budgétaires adaptés aux situations. Parfois il faut investir et dépenser pour en recueillir ultérieurement les fruits, même en termes d’équilibre budgétaire. Inscrire dans la constitution un cadre contraignant est la négation de la démocratie et l’asservissement à un dogme.
C’est donc trois fois NON !

La Confédération Européenne des syndicats a fait connaitre son opposition à ce pacte.

Pour le Président du PSE, Poul Nyrup Rasmusen, ce pacte fait insulte à des millions d’Européens à qui l’on demande de nouveaux sacrifices sociaux alors que la finance n’est toujours pas contrôlée.

Nous ne concevons pas un « gouvernement économique » ni comme prétexte à l’abandon de toutes les grandes avancées sociales du siècle précédent, ni comme dessaisissement démocratique des citoyens et des peuples !

La compétitivité « promise » par les libéraux n’est fondée que sur une restriction budgétaire permanente et sur des reculs sociaux majeurs et durables. C’est tout l’inverse de ce qu’il convient de faire pour asseoir la relance de la croissance , à savoir le soutien au pouvoir d’achat des couches populaires, l’innovation et les investissements d’avenir et l’instauration d’un juste échange favorisant un progrès continu pour les salariés de nos pays et du monde.

Le pacte de stabilité monétaire avait déjà été présenté comme indispensable pour assurer la cohésion de la zone Euro, permettre la création de millions d’emplois et une économie performante. Il a contribué, au contraire, à brider les investissements, à entretenir le chômage de masse, à accroitre les inégalités au sein de la Zone euro tant entre pays qu’entre citoyens, à freiner la croissance de notre continent sans même parvenir à réduire les déficits publics.

Ces choix nous ont conduits dans le mur, la crise financière a montré le scandale et les dangers de ce système. Les Etats et les peuples ont du payer – et payent encore- un lourd tribu à cette crise, il est hors de question qu’ils doivent continuer à faire les frais de cette situation, et moins encore d’inscrire dans la durée des reculs inacceptables qui ne profiteront qu’aux détenteurs du capital et autres investisseurs financiers.

Ce pacte de compétitivité n’est donc pas négociable. C’est une toute autre logique que nous devons défendre et qui est fondée sur certains préalables : une clause systématique de non recul et de la nation la plus favorisée, l’instauration des convergences sociales et harmonisations fiscales vers le haut, un budget européen soutenant des filières industrielles, des investissements d’avenir, une solidarité entre régions riches et pauvres de l’UE, un pacte de relance de la croissance fondé sur la relance de la consommation intérieure en Europe et des protections ciblées pour contrecarrer les délocalisations et le dumping social et environnemental. Enfin autoriser la Banque centrale européenne a émettre des « eurobonds » pour stabiliser l’euro.

Lors du dernier Conseil européen, ce pacte a fait l’objet de vives critiques de la part de l’Autriche, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Irlande, du Luxembourg, de la Pologne et du Portugal.

Malheureusement, la Commission Européenne a d’ores et déjà rédigé un ensemble de six directives imposant, dans le cadre de la gouvernance économique de l’Union Européenne, des sanctions financières quasi-automatiques en cas de non respect du pacte de stabilité, et instaurant un pacte d’austérité salariale invitant les Etats membres à améliorer leur compétitivité en abaissant leurs coûts salariaux ! Le contenu régressif de ces directives, actuellement discutées au Parlement européen, doit être âprement combattu par le groupe des Socialistes et Démocrates !

Je signe cette pétition :

– pour refuser tout compromis sur les bases de ce pacte de compétitivité et de directives qui en seraient la traduction

– pour que soit organisée une riposte conjointe des socialistes et de la gauche européenne, de mobiliser l’opinion afin de faire échec à ce projet

– pour fédérer en France les forces de gauche pour empêcher l’inscription dans la constitution de la limitation des déficits, pour manifester contre les décisions qui se préparent au sommet européen de mars, en lien avec les organisations syndicales et d’exiger un référendum en cas d’acceptation par Nicolas Sarkozy de ce pacte.

Premiers signataires : Benoît HAMON, Henri EMMANUELLI, Liêm HOANG NGOC, Marie-Noëlle LIENEMANN

Signez la pétition ici

Retraites, le choix de la solidarité. Tribune de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli

Tribune de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli / source : www.henriemmanuelli.fr

Retraites : le choix de la solidarité

En France, la retraite tend à n’être plus considérée comme un nouvel âge de la vie libéré du travail, mais comme une entrée en précarité. Avec une constance et une pugnacité exemplaires, la droite et le MEDEF mettent en scène cette dramatisation qui engendre chez les salariés, notamment chez les plus jeunes, un manque de confiance grandissant envers notre système de retraite par répartition. Un système auquel les mêmes salariés se déclarent pourtant fortement attachés, comme d’ailleurs à toutes les autres formes de solidarité.

La rengaine selon laquelle il n’y aurait qu’une « solution de bon sens » et une seule, à savoir que « chaque salarié mette la main à la poche », fait son chemin. Elle n’est pas sans rappeler le funeste « there is not alternative » de Margaret Thatcher des années 80. Pour faire bonne mesure, on accuse de dogmatisme ceux qui osent encore prétendre que l’on peut pérenniser la retraite par répartition et conserver à 60 ans l’âge légal du départ en retraite. Malhonnêteté intellectuelle, qui consiste à mettre un point final à tout débat par un mot détourné de son sens — ici « dogme ». Car en matière de retraite, il ne s’agit pas de dogme mais d’un choix de société. Pour la gauche, pour le camp du progrès, la retraite est un nouvel âge de la vie, qui doit être émancipateur et non synonyme de précarité. Pour que toutes et tous puissent la vivre ainsi, elle ne peut donc être envisagée qu’à travers un système solidaire. Et au xxie siècle, dans le monde tel qu’il est, cette solidarité est possible. À condition – et c’est là que le bât blesse – de redistribuer autrement les richesses. C’est, répétons-le, un choix de société, un choix politique fondamental, à l’opposé de celui de la droite et du MEDEF dont l’objectif est de baisser le montant des retraites pour remettre en cause le système par répartition, comme préconisé par le FMI dès les années 90. Par le biais de la peur, le gouvernement incite donc les salariés à accepter des réformes qui les conduiront à souscrire des fonds de pension et à alimenter ce faisant la financiarisation de l’économie, dont ils seront, comme on vient de le vivre, les principales victimes.

Il n’y a là aucune surprise. Tout cela était déjà clairement exposé dans le programme du candidat Sarkozy. La crise a pourtant discrédité le système par capitalisation que la droite voulait introduire dans notre pays. Quant aux réformes Balladur (1993) et Fillon (2003) qui ont allongé la durée des cotisations et aligné, au nom de l’égalité, le système de retraite des fonctionnaires sur celui du privé, certains « pragmatiques de gauche » les trouvait opportunes. Elles ont lamentablement échoué. Un million de retraités vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. La moitié des retraités français qui prennent aujourd’hui leur retraite perçoivent moins de 1000 € par mois. 600 000 personnes touchent le minimum vieillesse qui s’élève à 677€ mensuels. Avec 40% d’écart dans le montant des pensions, l’inégalité entre les hommes et les femmes est toujours aussi criante.

Quant au taux d’activité des seniors, que prétendait régler la réforme Fillon, il demeure en France le plus faible d’Europe — 38,1% contre 70% en Norvège par exemple. Ainsi, tant dans le privé que dans le public, 60% des personnes qui liquident leur retraite à 60 ans sont inactives. Telle est la réalité : en France aujourd’hui, l’âge réel de la cessation d’emploi est de 58 ans. Non par choix des salariés, mais parce que les entreprises se détournent des seniors au prétexte qu’ils seraient moins productifs — au prétexte surtout qu’ils coûtent plus cher qu’un jeune. Allonger la durée de cotisation, notamment en temps de crise et de chômage, aggraverait donc la baisse du taux de remplacement (niveau des pensions) et la précarité des retraités.

Pour peu que l’on accepte d’en débattre dans le camp du progrès, d’autres solutions sont possibles qui tiennent compte de l’évolution démographique et de l’espérance de vie, mais sans en faire des alibis de la destruction de notre système par répartition. D’autant qu’en la matière, les prévisions se sont avérées aléatoires. Ainsi le Conseil d’Orientation des retraites (COR) qui avait établi des projections à l’horizon 2040 les a révisées en 2007, compte tenu de l’évolution démographique favorable de notre pays. S’il ne faut pas bannir les projections, il convient de les manier avec prudence et surtout de ne pas occulter un facteur essentiel à tout débat sur les retraites : les ressources. Or certaines d’entre elles sont soigneusement écartées des discussions. Ainsi de l’augmentation des salaires et du chômage qui pèse lourdement sur le financement des régimes de retraite : un point de masse salariale globale correspond à 2 milliards de recettes supplémentaires pour le régime général. L’amélioration de l’emploi et l’augmentation des salaires, adossés à une politique économique qui relance le pouvoir d’achat et impulse les investissements porteurs d’avenir, seraient d’importants générateurs de ressources.

De la même façon, il faut prioritairement élargir l’assiette des prélèvements et taxer les revenus financiers.

Enfin, une autre piste nous semble intéressante à explorer. Selon les prévisions les plus pessimistes du COR (celles de 2003), une augmentation de 0,37% par an des cotisations sociales (à répartir entre cotisations salariales et patronales) à l’horizon 2040, permettrait d’équilibrer le système sans réduire le taux de remplacement ni allonger la durée de cotisation. D’après un sondage IPSOS, les Français sont prêts à cotiser plus, plutôt que de travailler plus longtemps. Aux opposants à cette piste qui ressassent que cela induirait une augmentation du coût du travail préjudiciable à l’emploi, on peut aisément rétorquer qu’il n’existe aucun lien macroéconomique avéré entre le coût du travail et l’emploi.

Si toutefois la hausse des cotisations retraites était de nature à peser sur la santé des PME, il est possible d’en atténuer les effets. D’une part à travers une réforme des cotisations patronales, assise sur la valeur ajoutée, afin de favoriser l’emploi dans les PME riches en main d’œuvre. D’autre part à travers une réforme de l’impôt sur les sociétés modulée pour alléger l’impôt des PME — en fixant un taux majoré applicable aux bénéfices distribués aux actionnaires, et un taux minoré pour les bénéfices réinvestis.

Seule une véritable volonté politique qui ose lever le tabou de la répartition des richesses peut prétendre pérenniser le système par répartition. Le débat sur les retraites est un débat entre deux modèles de société. Celui de la droite et du Medef face à celui du camp du progrès. La gauche ne doit jamais l’oublier

Henri Emmanuelli répond à Nicolas Sarkosy

Article écrit par Henri Emmanuelli sur le site Un Monde d’Avance

« La comparaison entre la votation suisse sur les minarets et le vote français sur la Constitution européenne est une injure insupportable faite à la majorité de celles et ceux qui avaient voté « non », parce qu’ils déploraient l’absence d’orientation sociale et démocratique de l’Europe, son caractère ultra-libéral. Procéder à un tel amalgame, déjà esquissé par quelques éditorialistes rancuniers, est indigne du Président de la République qui a, par la suite, foulé aux pieds ce vote. Quant à la leçon de discrétion donnée aux musulmans, au nom du respect de l’empreinte chrétienne, qu’il se rassure. S’agissant d’ostentation, on a jamais vu un imam avec une Rolex. »