Archives du mot-clé Education

Le projet de loi portant refondation de l’École est adopté à l’Assemblée Nationale

Engagement de campagne de François Hollande, le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École vient d’être adopté en première lecture à l’Assemblée nationale par 320 voix contre 227.
Après plus de quarante heures de débats, ce projet porté par Vincent Peillon et George Pau-Langevin, va pouvoir traduire par l’action, plusieurs promesses de François Hollande qui visent à rendre l’École plus juste pour la réussite de tous les élèves.

Les grandes orientations de ce projet s’articulent autour d’objectifs simples :

Réinvestir dans les moyens humains avec notamment la création de 60 000 postes dans l’Éducation nationale en 5 ans et la création des écoles supérieures du professorat et de l’éducation.

Donner la priorité à l’école primaire en ré-équilibrant les rythmes sur la semaine, les moyens au primaire et à la maternelle.

Renforcer les politiques de réussite éducative en luttant contre le décrochage scolaire par le dispositif « Plus de maîtres que de classes » qui permettra la création de 7000 nouveaux postes d’encadrement pédagogique dans les zones difficiles.

Favoriser la réussite de tous dans le second degré en valorisant l’enseignement professionnel et aussi en renforçant le service public de l’orientation.

Faire entre l’école dans l’ère numérique par le développement des ressources pédagogiques et la formation des personnels.

Faire évoluer le contenu des enseignements, les modes d’évaluation et renforcer un socle commun de connaissances pour tous.

Améliorer le climat scolaire pour les élèves, les professeurs et les parents.

>> Infographie : les 25 mesures pour refonder l’École
>> Réaction d’Émeric Brehier et Yannick Trigance

Les rythmes scolaires sont-ils adaptés aux besoins des enfants ?

source : cafepedagogique.net

article : Les rythmes scolaires sont-ils adaptés aux besoins des enfants ?

« On ne peut ignorer les données des différentes recherches dès lors qu’on se propose d’aménager le temps scolaire dans la journée, la semaine et l’année ». Nous avons demandé à Hubert Montagner, ancien directeur du laboratoire de psycho-physiologie de la Faculté des Sciences de Besançon, et spécialiste reconnu des rythmes biopsychologiques des enfants, de présenter rapidement les acquis de la recherche scientifiques sur les rythmes. Libre à chacun ensuite de comparer avec l’organisation de l’année scolaire, marquée en France par un nombre d’heures important sur un nombre de jours faibles.

L’aménagement du temps scolaire que l’on qualifie communément de rythmes scolaires ne peut être conçu dans l’ignorance des rythmes biopsychologiques des enfants de tous âges, c’est-à-dire des phénomènes combinant des variables biologiques et psychologiques qui se reproduisent à l’identique au bout d’un temps donné. Ils peuvent donc être définis par la quantité de temps qui sépare d’un jour à l’autre les “temps forts” d’une fonction donnée (c’est-à-dire la période), par exemple la sécrétion de la cortisone qui passe tous les jours par des valeurs maximales entre 06h.00 et 08h.00. On qualifie de rythmes circadiens ceux dont la période est d’environ vingt-quatre heures. Les rythmes ultradiens ont une période de quelques secondes, minutes ou heures (par exemple, le rythme cardiaque). Enfin, les rythmes infradiens sont lents : leur période peut être d’une ou plusieurs semaines, ou encore d’une ou plusieurs années. Synchronisé par l’alternance du jour et de la nuit, le rythme veille-sommeil est le principal donneur de temps (ou synchroniseur) des rythmes biologiques et biopsychologiques des êtres humains dans la journée et d’une journée à l’autre. En effet, les moments de la journée où on observe les valeurs maximales du métabolisme, du fonctionnement cardiaque, des sécrétions hormonales … sont influencés par l’heure d’endormissement, la durée du sommeil et/ou l’heure d’éveil. Surtout “indexé” sur les rythmes familiaux et les rythmes sociaux, le rythme veille-sommeil est lui-même synchronisé par l’alternance du jour et de la nuit.

C’est le pédiatre allemand Th. Hellbrügge qui a été dans les années 1950-1960 le pionnier de la recherche fondamentale sur les rythmes biologiques d’enfants de tous âges. A la fin des années 1970, H. Montagner et ses collaborateurs ont réalisé différentes études sur les rythmes biopsychologiques des enfants en fonction de leur développement, de leurs comportements et des influences de l’environnement, y compris leurs différents partenaires. Puis, également à cette époque, mais surtout dans les années 1980, F. Testu a développé à la suite de P. Fraisse des recherches sur les fluctuations périodiques de certaines variables psychologiques chez les enfants scolarisés.

On ne peut ignorer les données des différentes recherches dès lors qu’on se propose d’aménager le temps scolaire dans la journée, la semaine et l’année.

Sans entrer ici dans les détails, les données et conclusions des recherches conduisent aux propositions suivantes :

1. la diminution de la durée de la journée scolaire.

En France, la durée de la journée scolaire est de six heures de temps contraint (cinq heures trente minutes de temps pédagogique et trente minutes de récréation). Elle est ainsi la plus longue du monde (il faut ajouter la durée des devoirs effectués à la maison et les autres temps contraints : voir les publications et livres de H. Montagner).

montagner2

Si on se fonde sur les observations filmées tout au long du temps scolaire, aucun enfant de l’école primaire ne peut être vigilant, attentif, réceptif et disponible pendant cinq heures trente de temps pédagogique, même quand elles sont interrompues par des moments de détente.

Par exemple, si on considère l’ensemble des enfants de cours préparatoire pendant la matinée, les apprentissages ne peuvent être vraiment efficients que de 09h.15-09h.30 à 11h.00 environ. En effet, le pourcentage des enfants qui bâillent est de 68% entre 09h.00 et 09h.30, et de 59% entre 11h.00 et 11h.30 (il est de deux à trois plus faible entre 09h.30 et 11h.00) . L’après-midi, c’est de 15h.00 à 16h.00-16h.30 (le pourcentage des enfants qui bâillent entre 14h.30 et 15h.00 est de 68% ; il est de deux à trois fois plus faible entre 15h.00 et 16h.00). Il en est de même pour les autres indicateurs de non vigilance (affalements sur la table, étirements, tête posée sur la main avec le coude en appui sur la table, fermetures des yeux, somnolence, non réponse aux sollicitations du maître …).

Autrement dit, au cours préparatoire et par jour de classe, on peut estimer à trois heures trente minutes la durée vraiment utile des activités pédagogiques. C’est-à-dire, la quantité de temps pendant lequel la vigilance et l’attention sélective des enfants sont suffisamment élevées pour que les savoirs et connaissances soient efficacement transmis, et donc pour que chaque élève ait une probabilité élevée de bien comprendre et apprendre. Dans les cours moyens, on peut l’estimer à quatre heures trente minutes.

2. La réorganisation des temps pédagogiques

Chez les enfants du cours préparatoire, les plages de temps qui ont une forte probabilité de se caractériser par une vigilance élevée et donc une attention sélective, une réceptivité et une disponibilité optimales, se situent entre 09h.00 et 11h.00 et entre 14h.30 et 16h.00, ou un peu plus, selon les individus et selon les jours. Dans les cours moyens, c’est entre 09h.00 et 11h.30, et entre 14h.00 et 16h.00.

Deux moments de la journée scolaire se caractérisent par une vigilance nettement plus faible à tous les âges de l’école primaire:

* à partir de 08h.30, heure d’entrée en classe, il faut entre trente et soixante minutes pour que les enfants retrouvent un niveau de vigilance suffisamment élevé pour qu’ils puissent développer une attention, une réceptivité et une disponibilité optimales ;

* la mi-journée (12h30-14h.00) se caractérise à tous les âges par une dépression de la vigilance corticale, sans relation avec les entrés alimentaires. Chez les enfants d’école maternelle, c’est le temps de la sieste.

La probabilité est donc élevée que la première heure, la mi-journée et le temps postscolaire (après 16h.30, tous les enfants sont fatigués) ne se prêtent pas à des activités qui nécessitent une forte mobilisation de l’attention et des ressources intellectuelles.

3. La plage de temps fort des activités physiques et sportives

La plage de temps à partir de 16h.00-17h.00 se caractérise par une augmentation du métabolisme, de la température corporelle et de la force musculaire, et une optimisation des coordinations motrices. Elle se prête donc bien aux activités physiques et sportives.

4. La prise en compte particulière des enfants qui cumulent les déficits de sommeil et l’insécurité affective

Les phénomènes précédemment décrits sont accentués chez les enfants qui ont des déficits cumulés de sommeil et des troubles du rythme veille-sommeil (ils se réveillent au cours de la nuit) et chez ceux qui vivent au quotidien dans l’insécurité affective, c’est-à-dire le sentiment d’être abandonnés, délaissés, ignorés, maltraités, en danger (ce sont souvent les mêmes). Mais, ils présentent une particularité : leur vigilance et leurs capacités d’attention restent faibles entre 14h.00 et 16h.30, parfois dès la fin de la matinée. La majorité de ces enfants a des difficultés scolaires. La plupart sont dits en échec scolaire.

5. La diminution et la réorganisation des journées scolaires, et non pas prioritairement celle de la semaine scolaire

Chez les enfants, on ne connaît aucun rythme biologique ou biopsychologique dont la période soit d’une semaine. On ne comprend donc pas que les adultes imposent une nouvelle semaine scolaire, par exemple celle de quatre jours, avant de repenser la durée et l’organisation des journées successives tout au long de la semaine.

6. La réorganisation de l’année scolaire

Différentes données conduisent à proposer une année scolaire plus régulière, c’est-à-dire une alternance de sept semaines scolaires et de deux semaines de vacances (durée minimale pour que les enfants et les enseignants apparaissent et se disent reposés des fatigues accumulées pendant les semaines scolaires).

Hubert Montagner

docteur ès-Sciences, Professeur des Université en retraite, ancien Directeur de Recherce à l’INSERM

Eléments de bibliographie

H. MONTAGNER 2002 L’enfant, la vraie question de l’école, Paris, Odile Jacob

H. MONTAGNER 2006 L’arbre enfant. Une nouvelle approche de l’enfant, Paris, Odile Jacob

« Education nationale : rétablir la justice » par Bruno Juillard

source : francoishollande.fr

Bruno JULLIARD, Chargé de l’éducation nationale dans l’équipe de campagne

En matière d’éducation, l’Etat donne plus à ceux qui ont… plus. L’ampleur des inégalités révélées par les travaux de la Cour des comptes, publiés par le Monde daté de ce jour laisse pantois.

Cette situation inacceptable ne doit rien hasard. Si les inégalités, comme le montre le rapport, se sont creusées ces dernières années, c’est que la droite a délibérément contribué par sa politique ségrégative à la mise en place d’une éducation à plusieurs vitesses. En supprimant des postes dans les établissements qui souffrent le plus, elle a laissé se constituer de véritables ghettos scolaires et des déserts éducatifs tout en favorisant les plus aisés : en 2011, Créteil a gagné 3 836 élèves dans le second degré mais a perdu 426 postes, quand Paris gagnait 1 000 élèves et a obtenu 20 emplois de plus. Témoin de l’abandon de l’éducation prioritaire, ce simple chiffre : à Marseille, les écoles en ZEP comptent des taux d’encadrement de 4,3 % inférieurs à la moyenne de l’académie.

Relancer la politique d’éducation prioritaire pour garantir à tous, quelles que soient leurs origines sociale et territoriale, un accès égal à l’école de la République, est aujourd’hui un impératif absolu : c’est l’engagement que prend François Hollande.

Il ne s’agit pas de multiplier les dispositifs dérogatoires ou d’accorder des passe-droits. Il ne s’agit même plus aujourd’hui de donner plus à ceux qui ont moins : il s’agit simplement de rétablir la justice. Ainsi, les postes qui seront créés – 60000 durant le quinquennat – seront prioritairement affectés aux établissements et aux écoles qui cumulent les difficultés scolaires, sociales, territoriales. Nous rétablirons également une sectorisation visant à accroître la mixité scolaire et sociale, non seulement parce que cette mixité est juste, mais aussi parce qu’elle est efficace et profite à tous.

« Un élève en plus, un poste en moins ! » sur le blog Les Déchiffreurs

Un collectif (syndicats, chercheurs, statisticiens, profs), nommé les « Déchiffreurs de l’éducation », vient de lancer un blog de factchecking des statistiques de l’éducation nationale. Son objet est de « présenter des données scientifiquement fondées qui permettent de contrer les allégations mensongères ou fantaisistes que certains font circuler sur notre système éducatif », mais aussi,  « de faire connaître les données utiles au débat public qui pourraient être occultées ou censurées ».

Les Déchiffreurs

Un élève en plus, un poste en moins !

Les effectifs scolaires baissent-ils ? Non, ils augmentent !

Le 27 février 2012, le candidat Sarkozy a déclaré que les effectifs scolaires avaient baissé de 400 000 depuis 10 ans, alors que le nombre des professeurs avait augmenté de 45 000.

Une bonne partie de la presse a corrigé cette déclaration, en s’appuyant sur les chiffres de l’INSEE ou de la DEPP, pour indiquer que lors de la dernière décennie les effectifs d’élèves ont baissé de 150 000, ou 170 000, et non de 400 000.

Mais un fait important a été insuffisamment souligné : ces dernières années, la tendance s’est inversée. Les effectifs d’élèves augmentent, alors que le gouvernement continue à supprimer des dizaines de milliers de postes.

Ces données restent souvent méconnues, parce que le Ministère ne publie plus les notes sur les prévisions d’effectifs.

Ainsi, à la rentrée 2011, par rapport à 2008, les effectifs en collèges ont augmenté de près de 74 000. Ceux des lycées professionnels ont diminué de 12 000, comme ceux du lycée général et technologique. Pour l’ensemble du second degré, l’augmentation est proche de 50 000 élèves (49 862 pour être précis, pour la France métropolitaine et les DOM, secteurs public et privé).

Dans le premier degré, les effectifs ont augmenté de 14 000 élèves lors des trois dernières années : de 5 000 pour l’enseignement élémentaire de la rentrée 2008 à 2011 et de 9 000 pour le pré-élémentaire ; on pourrait ajouter 9 000 « seulement », face à l’ampleur simultanée de la hausse du nombre d’enfants, tant le recul de la préscolarisation à deux ans permet de limiter la hausse du nombre d’élèves accueillis en maternelle.

Ce sont donc près de 65 000 élèves supplémentaires que notre Ecole a accueilli ces trois dernières années, alors que les coupes sévères continuent dans les postes (14 000 postes supprimés à la rentrée prochaine, qui s’ajoutent aux 66 000 perdus depuis 2007).

Bref, quelqu’un qui serait sur le même terrain que ceux qui jonglent avec les chiffres pourrait dire : à chaque élève supplémentaire, un poste en moins !