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« Deliquescence !!… » par Alain Guéret

Cette fois c’est sur : nous touchons le fond. A peine la boue un instant remuée par Marine LE PEN s’était-elle redéposée sur le fond du marécage politico-médiatique que de nouveau le monarque de l’Elysée outrepassait la plus élémentaire décence en élevant le népotisme en doctrine d’état.
Revenons un instant sur « l’affaire MITTERRAND » bien trop vite refermée à mon goût. Dans sa hâte de ne pas offrir à l’héritière LE PEN une tribune inespérée et par là même un regain d’intérêt pour un FN à l’agonie, la classe politique dans son ensemble a choisi la lâcheté. Passés les premiers moments d’indignation, spontanés de la part de Benoit HAMON encore une fois plus porte-parole de lui même que de son parti, calculés de la part de Manuel VALLS qui n’en rate pas une pour faire sa promotion, plus une tête n’a dépassé. Martine AUBRY s’est crue obligée de faire une intervention lénifiante au cours de laquelle on a pu mesurer la force des liens qui l’unissent à son porte parole puisqu’une nouvelle fois elle l’a gratifié d’un « Léo HAMON » qui en dit long (à quand Marcel ???).
A aucun moment nous n’avons entendu s’exprimer les garants habituels des vertus républicaines que sont François BAYROU et Christine BOUTIN, d’ordinaires si promptes à monter sur leurs grands chevaux en de telles occasions. COHN-BENDIT y alla bien sûr de son soutien. Lui qui fut naguère vilipendé et accusé de « complaisance pédophile » par le président du MODEM est, il est vrai, tout à fait qualifié en la matière. Son livre « Le Grand bazar », paru en 1975, est édifiant et fait de lui un témoin de moralité incontestable. Son soutien à Roman POLANSKI, seulement accusé du viol d’une gamine de 13 ans et de s’être enfui pour échapper à la justice, est révélateur de la complaisance d’une certaine « élite » à l’égard de pratiques sexuelles condamnables. Il semble que tous se tiennent par la barbichette et se serrent les coudes, craignant de voir surgir de leurs placards des cadavres encombrants.
Lorsqu’aujourd’hui la droite traite Daniel VAILLANT de laxisme parce qu’il suggère de libéraliser la vente du cannabis on croit rêver. Que penser du laxisme d’un gouvernement qui absout les délinquants fiscaux et conforte un ministre coupable de s’être livré à des actes que la morale et la justice condamnent. Car enfin, comment croire Frédéric MITTERRAND lorsque qu’il affirme que « les éphèbes, les gosses, les garçons » dont il usait et abusait sans retenue lors de ses voyages en Thaïlande étaient des boxeurs de 40 ans. Un boxeur de 40 ans, cabossé par les coups et par la vie, ne ressemblera jamais à un éphèbe, fusse-t-il thaïlandais.
En affirmant que « l’affaire MITTERRAND » était close, le premier ministre et l’ensemble de la classe politique ont officialisé la prescription des crimes sexuels au bout de 4 ans puisque les aveux datent de 2005. Quel espoir demeure désormais de voir la justice rendue pour tous ceux qui ont été victimes de tels actes durant leur enfance et qui souvent, 20 ans après, trouvent le courage d’affronter leurs bourreaux et de les accuser ? La jurisprudence ainsi créée ne va-t-elle pas être à l’avenir utilisée par tous ceux que leur déviance amènera devant les tribunaux ?
Une société qui couvre ainsi de tels crimes, qui fait de leurs auteurs des ministres et des responsables politiques et banalise l’odieux, renvoie des siècles en arrière dans les civilisations les plus décadentes. L’histoire retient cependant que de telles pratiques précédèrent de peu la chute des dites civilisations. Acceptons en l’augure.
Enfin quelques mots sur ce qui fait aujourd’hui de nous la risée du monde entier (une nouvelle fois sous l’ère Sarkozy). Notre Omniprésident a décidé de faire de son fils Jean , âgé de 23 ans, le futur patron du quartier d’affaires de la Défense, quartier destiné à connaître dans les prochaines années un développement considérable. Il est vrai que le jeune homme présente des arguments de poids. Il est notamment connu pour ses prouesses en scooter, pour la poursuite d’études qu’il peine à rattraper, pour sa carrière théâtrale avortée, pour son courage politique (il n’a pas hésité à se présenter aux cantonales de Neuilly sud) enfin pour l’ensemble de son œuvre qui fait de lui un prodige que le monde entier nous envie et que certains classent aux côtés des plus grands (Mozart, Einstein, Vincent Lagafe, Flipper le dauphin….).
Lorsque qu’on saura que pour lui laisser la place, le méritant mais peu en cour DEVEDJIAN s’est vu refusé une prolongation de deux ans et qu’un administrateur a dû démissionner, on mesurera toute l’illégitimité et l’artifice de l’opération. Le monarque, conscient de ce que sa fonction a d’éphémère, met les bouchées doubles : il place les siens afin de réaliser ses noirs dessins et pour qu’ils soient à l’abri du besoin lorsque des temps moins cléments seront venus. Cela porte un nom : le népotisme. Rarement pratiqué à cette échelle et avec autant de mépris et de sens de la provocation, il fait de la France l’égal d’une république bananière aux yeux de l’opinion mondiale.
Il va nous falloir supporter cela pendant 3 ans ! Putain encore trois ans !!! A moins que le système n’implose car la vie quotidienne au sein de la majorité n’est pas qu’un long fleuve tranquille. Les magouilles et décisions présidentielles ne sont pas du goût de tous. Elles créent beaucoup d’inimitiés et de rancunes. La pilule des nominations de ministres « d’ouverture » n’a toujours pas été digérée et la place grandissante prise par certains d’entre eux n’a pas calmé les ressentiments. Le clan villepiniste suit avec une attention très peu bienveillante les développements de l’affaire Clearstream. Les ministres et personnalités évincées sans ménagement ne manquent pas de s’épancher. Les rivalités entre ténors éclatent de plus en plus souvent au grand jour et les couacs et dérapages sont de plus en plus fréquents.
De tout cela bien sur nous nous délectons. Mais il serait illusoire d’attendre que le fruit tombe de l’arbre pour le ramasser sans effort. S’il est vrai que les alternances sont souvent plus le fait du rejet du pouvoir qui a déçu que des propositions du prétendant, il ne faudrait pas s’en tenir à cette règle qui nous exonèrerait de tout effort de réflexion. Si, le moment venu, nous avions quelques idées de nature à améliorer le sort de ceux qui aujourd’hui souffrent le plus, quelques idées susceptibles de sortir notre pays de l’ornière dans laquelle il s’enfonce, quelques idées pour réduire les inégalités et rétablir la justice sociale, ça ne serait pas plus mal. Nous avons trois ans pour cela. Ne perdons pas de temps.