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Opposition de gauche

Aujourd’hui, l’opposition au gouvernement Hollande /Ayrault n’est plus seulement composée de l’UMP et du Front National mais a vu ses rangs grossir grâce à l’apport du Front de Gauche. Que ce soit dans la rue, lors de meetings, dans les médias ou au Sénat, ce parti décoche ses flèches les plus acérées à l’encontre du Parti Socialiste et du gouvernement en place.  Son l’impulsion de son leader charismatique Jean-Luc Mélanchon, le Front de Gauche, animé par un seul désir, voir le gouvernement socialiste échouer, se livre à une surenchère d’invectives qui ne peut qu’irriter le tenant de l’union de la Gauche que je suis. Nous sommes confrontés à la pire opposition de gauche qu’un gouvernement lui-même de gauche ait eu à affronter sous la Cinquième République. Jamais Georges Marchais, Arlette Laguiller ou encore Olivier Besancenot n’avaient été aussi loin.

Nombreux dans les rangs de mon parti sont ceux qui souhaitent que partout on mette fin à l’hypocrisie qui consiste à échanger localement des sourires et des politesses avec nos « camarades » du Front de Gauche, alors que ces mêmes « camarades » se défoulent en réunion de section sur leur cible privilégiée, le Parti Socialiste, en nous chargeant de tous les maux. Je ne suis pas de ceux-là. Jusqu’au dernier instant, je resterais partisan de l’Union, seule alternative pour faire barrage au Front National et battre la droite réactionnaire. Mais force m’est de reconnaître qu’il me faut aujourd’hui puiser dans des trésors de tolérance et de « zénitude » pour y parvenir.

Au parti socialiste, nous connaissons bien Jean-Luc Mélanchon et la mécanique qui l’anime. Déçu de n’avoir eu au PS la place qu’il considérait y mériter, il a lancé une OPA sur le Parti Communiste Français qui, en panne de leader, s’est jeté dans ses bras au point d’y perdre son âme. Aujourd’hui, il crache dans la soupe qui l’a nourrit de longues années et voue au Parti Socialiste une haine farouche. Ayant trouvé avec le Front de Gauche une tribune taillée à sa mesure, il utilise ce parti à des fins personnelles afin de régler de vieux comptes. Multipliant les injures, devenu adepte du « tous pourris » (sauf lui bien entendu !), il tombe dans l’ornière facile de la critique systématique et de la surenchère constante, se révélant en cela l’émule des plus grands démagogues. Lancé dans une fuite en avant dans laquelle il espère entraîner jusqu’au bout des communistes de plus en plus réticents, concentré sur son égo, admiratif de son nombril, il se nourrit de belles phrases dont il abreuve ses adeptes.

Ce qui me désole le plus, c’est que des camarades (peu nombreux certes !)  avec qui nous avons milité, débattu, lutté, nous aient aujourd’hui quittés, séduits par le miroir aux alouettes agité par notre version nationale du clown italien Pepe Grillo. Que des camarades qui aient milité des années durant dans un parti responsable, courageux, prenant ses responsabilités en acceptant de se frotter au dur exercice du pouvoir, que ces camarades soient partis grossir les rangs des utopistes et des éternels opposants en rejoignant un parti voué au culte de la personnalité, adorateur d’un homme préoccupé de son seul destin, m’a profondément déçu. Eternels nostalgiques de 1968, j’espère qu’ils ont trouvé aujourd’hui ce qu’ils étaient allés chercher et qu’ils s’épanouissent dans l’opposition, situation qui au fond est sûrement celle qui leur convient le mieux. Soutenir loyalement un parti au gouvernement n’entrait pas dans leur conception de la politique.

Tout ceci ne laisse augurer rien de bon pour l’avenir et laisse beaucoup d’espoirs à nos adversaires historiques qui, bien qu’eux-mêmes empêtrés dans quelques difficultés, doivent se réjouir de cette situation. Des échéances importantes approchent. Parmi ceux qui composent le Front de Gauche, certains auraient beaucoup à perdre si au sein du parti socialiste les « faucons » l’emportaient sur les « colombes ». Nous sommes condamnés à nous entendre si nous voulons faire gagner la gauche partout où cela est possible. Le Front de Gauche en a-t-il la volonté ?

Pour ma part, je reste confiant en l’avenir et abjure mes camarades d’être patients. On ne peut en dix mois gommer les effets désastreux de dix ans de gestion de droite. On ne peut en dix mois restaurer ce que la crise à détruit et continue de détruire mais la France est l’un des pays qui résiste le mieux. Nous avons élu François Hollande pour cinq ans. Laissons le gouvernement travailler et nous ferons le bilan le moment venu. Cela ne nous dispense pas des états d’âmes légitimes, des « coups de moins bien », des moments de doute. Nos réunions de section régulières sont là pour débattre, servir d’exutoire à nos interrogations et parfois à nos colères, et pour trouver collectivement les réponses et les arguments.

Plus que jamais, en de telles périodes, nous devons rester soudés et faire front. On juge de la force, de l’unité et de l’utilité d’un parti dans de tels moments et même si la décision de chacun doit être respectée, je ne pourrais que ressentir comme une désertion le départ de celui ou de celle qui nous quitterait pour rejoindre les rangs de ceux qui aujourd’hui nous vilipendent.

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