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C’est qui le chef ?

Cahuzac, Thevenoud, Morelle, Arif, Landaoui, la liste s’allonge chaque jour. Qui demain sera le suivant ? Qui de nouveau entachera la République exemplaire que François Hollande nous avait promise ? Chaque nouvelle affaire nous poignarde, nous les socialistes de base, et ébranle la confiance des plus fragiles. Combien de temps encore seront nous capables de soutenir que seule une minorité de nos dirigeants est touchée alors que les rangs des proches du président sont décimés ?

Et je ne m’attarde pas sur les maladresses des uns et des autres qui alimentent en eau le moulin de ceux qui crient à l’incompétence et à l’amateurisme. Enfin, je passerais sous silence les frasques amoureuses de notre sémillant motard présidentiel dont les démêlés sentimentaux sont la risée du monde entier, tous se bousculant pour accueillir à bras ouverts la concubine trahie.

J’avoue parfois être abattu par tant de maladresses, tant d’erreurs accumulées, tant de puérilités et de bourdes à répétition. Plus que de l’incompétence ou de l’amateurisme, c’est le manque d’autorité et de discernement qui me semblent être les traits dominants caractérisant la gouvernance « hollandaise ». Les femmes et les hommes actuellement aux commandes du pays comme celles et ceux qui y furent un temps, sont des gens brillants, intelligents, dont les compétences sont reconnues. Personne ne peut raisonnablement mettre en doute les qualités individuelles d’un Fabius, d’un Macron, d’un Valls, d’un Sapin, d’une Royal, d’un Montebourg, d’une Taubira, j’en passe et des meilleurs. Elles et ils n’ont rien à envier à leur alter-égos de droite. Preuve en est que, pour la plupart, ils sortent des mêmes moules.

Le problème ne vient pas des solistes mais du chef d’orchestre souvent plus à l’aise pour conduire des quartets que pour diriger les orchestres philarmoniques. Celui qui, alors qu’il était premier secrétaire du Parti Socialiste, n’a jamais réellement pu s’imposer, a retrouvé à l’Elysée ceux qui pendant des années ont toujours plus ou moins contesté ses qualités de chef. Leurs ambitions, un moment contrariées, n’ont pas été abandonnées. Ayant besoin d’exister jusqu’au jour où ils espèrent de nouveau occuper le devant de la scène, ils doivent, dans l’intervalle, se singulariser dès que l’opportunité se présente, quitte à la provoquer.

D’où ce qui parfois apparaît comme discordances alors que ce ne sont qu’ambitions latentes. Toujours dans la réaction, faute d’avoir pris assez de précautions liminaires, le chef de l’Etat doit trancher dans le vif et à chaque fois se priver, la mort dans l’âme, d’un de ses fidèles, réduisant d’autant sa garde rapprochée et se trouvant dès lors de plus en plus vulnérable. Il a pu sauver le soldat Jouyet, épargner la cantinière Taubira, mais a dû sacrifier le grognard Morelle, inspirateur de sa campagne réussie, et le vaillant Landaoui, conseiller précieux en ces temps où le Front National prospère.

Celui qui avait su nous séduire le temps d’un meeting au Bourget et d’un débat conquérant face un Sarkozy KO debout, s’est, depuis lors, montré maintes fois hésitant, pusillanime, rappelant le Hollande louvoyant que l’on avait connu à Solférino.

Les quelques vrais fidèles qui l’entourent encore, doivent cesser de se comporter en courtisans serviles et l’inciter à forcer sa nature. Il est encore temps pour lui de faire preuve d’autorité. On ne lui demande pas de faire du Sarkozy mais de montrer, ostensiblement qu’il est le chef. Il lui faut tout revoir dans sa communication et, au lieu de subir les évènements et d’encaisser comme si les coups de l’atteignaient pas, il doit d’urgence prendre les choses en mains. Il n’a plus rien à perdre et tout à gagner. Il doit s’exposer quitte à empiéter sur l’espace réservé au premier ministre. Vouloir nier l’évidence qui consiste à laisser croire que le Président préside et que le gouvernement gouverne est une utopie qui consiste à faire prendre les vessies pour des lanternes. Dans les faits, les Françaises et les Français ne sont pas dupe de la supercherie intellectuelle que représente la 5ème République. De tout temps, hors cohabitation, c’est le président de la république qui a représenté l’autorité ce qui a souvent rendu le couple président-premier ministre ingérable. Un tel attelage ne fonctionne que dans les pays où le détenteur de la plus haute charge n’est là que pour assister aux funérailles, inaugurer les chrysanthèmes ou décorer les citoyens méritants.

Le fait de penser que le premier ministre est là pour prendre les coups et que le Président, du haut de sa tour d’ivoire, est là pour les compter, est une ineptie. Leur sort est lié, quand l’un trébuche l’autre s’étale. Alors quitte à se vautrer, autant le faire sans ambiguïté, en assumant les responsabilités que les citoyens entendent voir le Président endosser.

En désignant François Hollande lors des primaires socialistes puis en votant pour lui en 2012, c’est que nous attendions. Pas qu’il confie au cancre de la classe (5.63% des voix) les clés du camion France. Pas qu’il mène la lutte contre son plus grand adversaire, la finance, en donnant à un transfuge de la Banque Rothschild la combinaison du coffre national, même si tous ceux qui viennent de chez Rothschild ne sont pas à jeter.

Son initiative d’aller parler, d’homme à homme, avec Poutine au retour d’un voyage diplomatique au Kazakhstan est la voie à suivre. Qu’il cesse de lever le doigt pour demander la permission de faire telle ou telle chose. La France doit parler d’une voix forte et se faire respecter. Il doit être autre chose que cet empoté engoncé dans un manteau trop grand et affublé d’une toque de fourrure que l’on raille sur les réseaux sociaux. Il en va du respect comme de la croissance ; il se mérite, se conquiert et ne se décrète pas.

Alors, François, écoute la voix qui monte des Landes : lâche-toi ! Assume ! Fais que l’on se souvienne de toi comme le Président de la réduction des inégalités, celui de la réforme bancaire, de la baisse du chômage. Prends les décisions qui s’imposent, libère-toi du carcan social-démocrate dans lequel tu t’es enfermé. N’écoute plus les chantres de l’austérité ! Ne te laisse plus donner des leçons par le voisin teuton ! Donne-nous enfin raison d’avoir voté pour toi.

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